6ème article suisse sur Intercable Verlag AG

10 Octobre 2006

Le 6ème article de Christian Bütikofer du journal Suisse Tages-Anzeiger passe en revue
 la longue histoire des activités douteuses d'Intercable Verlag.
 l' article original est en allemand, traduction française ci-dessous.





La police perquisitionne un éditeur internet dans le canton de  Zoug.


Par Christian Bütikofer

La brigade Criminelle de Lucerne se penche sur la question des annuaires internet douteux. Après un an d'enquête, la police étend ses investigations auprès d'un fameux éditeur du canton de Zoug.

Cette entreprise d'Hünenberg, dans le canton suisse de Zoug a une histoire. Depuis 1979 Intercable Verlag AG se défni comme ‘un éditeur suisse renommé’, avec une ‘histoire dont il peut être fier‘. Et bien, depuis le 20 Juin l'historique de l'entreprise peut s'enorgueillir d'un chapitre supplémentaire : au petit matin, les batiments  rouge brique du quartier industriel d'Hünenberg ont été investis par la police.  Les équipes des brigades criminelles de Lucerne et du canton de Zoug ont mené un raid conjoint afin de s'assurer la main mise sur un certain nombre de documents commerciaux et comptables.

Intercable fait partie de la mouvance des activités du businessman de Hamburg  Meinolf Lüdenbach. Depuis un an la police de Lucerne enquête sur les activités de Meinolf Lüdenbach et ses différentes entreprises de diffusion de guides douteux et de recouvrement de créances telles : Novachannel AG à Lucerne, Ovag International AG à Lucerne et  Premium Recovery AG à Zoug. Ces entreprises sont suspectées d'user de pratiques commerciales déloyales à grande échelle. Avec l'intervention d'Hünenberg, la police de Lucerne élargit ses investigations, engagées il y a maintenant un an à la suite d'une  plainte déposée par le ministère de l'économie (SECO).

Habituellement, les éditeurs fagocitent les "clients" - à l'échelle mondiale - par le biais de formulaires web proposant une inscription dans un annuaire internet. Des tarifs exhorbitants (typiquement plus de 1000 Francs suisse par an) et des contrats pluri-annuels se dissimulent sous les petits caractères et les formulations savamment ambigües, que les sociétés - soeurs - de recouvrement, vont s'ingénier ensuite à faire rentrer sous les pressions insistantes et les menaces d'action en justice.

A ce jour Intercable Verlag AG est dirigé par Adrian Wittmer qui est également le fondateur de la société de marketing internationale WSE Media AG de Meggen. Wittmer s'est refusé à commenter l'enquête en cours, et prétend que les accusations qui ont été formulées se révéleraient sans fondement au cas où l'affaire serait porté devant les tribunaux.

Des millions de profit  - Interpol aux basques

Suivant des copies de jugement émanents de tribunaux français en possession du Tages Anzeiger (TA) les pratiques commerciales d' Intercable Verlag AG, en association avec des éditeurs de guides autrichiens ont déja été l'objet par le passé d'une vaste enquête de la part d'Interpol. Un certain nombre de jugements, entre 1979 et 1990, font mention de ‘fraude’ et de ‘tromperie’. Entre 1975 et 1988 Intercable était située à Hamburg, l'entreprise a ensuite levé le camp vers le nord et émigré dans le canton de Zoug. Adrian Wittmer nie toute connaissance des cas français. Il a affirmé : ‘Je dirige l'entreprise depuis 1995. Je n'ai jamais eu connaissance d'aucune enquête d'Interpol ni de poursuites judiciaires en France au cours de ces vingt dernières années’.

Suivant les docuements en notre possession, les éditeurs de guides étaient actifs dans ‘au moins douze pays’ et dans les cas relevés en France il y avait une imitation flagrante des factures des PTT (qui deviendront ultérieurement France Télécom). Les tribunaux français ont établi  ‘dans beaucoup de cas, les guides au sein desquels les clients étaient supposés inscrits, soit ne paraissaient pas du tout, soit très tardivement, soit sur des zones sans interêt pour l'inscrit'. On peut également lire des phrases telles : ‘Certains répertoires téléphoniques avec le même contenu étaient publiés par différentes entreprises'.  Et plus loin : la forme des documents étaient conçus pour tromper les destinataires quant à la nature des services proposés ...'

A cette époque, ces entreprises donnaient à leurs  factures l'aspect de celles émises par la société nationale pour tromper les clients, aujourd'hui, ils utilisent des formules ambiguës en petits caractères et ils ont basculé sur internet. Intercable étaient l'une de ces nombreuses entreprises d'Hambourg et Vienne avec des investisseurs de Suisse et du Liechtenstein. Pour la France seulement, entre 1981 et 1983 Intercable a réalisé un profit de 1.8 Million de Francs.

Il n'y a pas qu'en France qu' Intercable fait, de longue date,  l'objet de poursuites pénales. Dans un procès verbal d'Août 1990 Intercable est mentionné en relation avec une autre société suisse du même acabit. A la question de savoir qui était chargé d'imprimer le guide Int-Verlag, le juge de Zoug en charge de l'enquête à l'époque, Thomas Hildband  se voyait répondre qu'il s'agissait d'un contrat d'édition avec Intercable. Int-Verlag d'après un communiqué de presse du journal suisse ‘24heures’ était alors objet d'une enquête pour avoir fait usage de la technique habituelle des formulaires d'inscription trompeurs.

Prison, chasse à l'homme internationale

En 1994,  la suite d'un enquête approfondie d'Interpol les deux premiers dirigeants d' Intercable (à Hamburg), furent condamnés pour fraude à 2 ans de prison et à une amende d'un million de francs. En même temps qu'eux, quatre autres dirigeants d'éditeurs de guides autrichiens similaires furent condamnés à des peines d'emprisonnement jusqu'à hauteur de quatre ans et des amendes de 2,5 Million francs. Un mandat d'arrêt international fut lancé contre plusieurs de ces hommes d'affaires.

D'après les informations écrites des tribunaux français concernés, seuls les deux premiers dirigeants d' Intercable firent appel en France, et en 1996 les sentences furent cassées sur des bases purement procédurales.

15 ans "dans les affaires" à Genève

L'un de ces dirigeants était Dieter Bahnsen. Comme Meinolf Lüdenbach il démarra son affaire en Suisse au début des années 90, en fondant à Geneve une société d'annuaire étendant ses activités à l'international. D'après plusieurs sources indépendantes, ces deux hommes se connaissaient pour avoir mener des affaires communes dans les 'années Hambourg'.

A Genève, en 1991 Dieter Bahnsen fonda Euco Data SA, et établi en Espagne une société soeur sous l'enseigne Euco Data Espana SA. A nouveau des entreprises du monde entier furent bombardées de formulaires d'inscription dans des annuaires. A l'évidence la méthode avait du bon : en 1995 Euco Data affichait un profit de 800 000 francs.

Apparemment l'entreprise entretenait des relations particulières avec la Chambre de Commerce de Genève, dont les membres se voyaient en 2003 accorder une entrée au sein du ‘International Trade Information Directory’ (Répertoire du Commerce International) d'Euco Data. Aujourd'hui de nombreuses plaintes   contre les pratiques commerciales d' Euco Data sont enregistrées, particulièrement en provenance d'Europe de l'Est, à l'identique du cas Intercable.

Combat de chiens via Internet

Lorsque le Tages Anzeiger fit paraître l'an dernier qu' Intercable faisait partie de la mouvance d'entreprises entrant dans les investigations de la police de Lucerne, les bureaux de la rédaction reçurent une lettre du patron d'Intercable, Wittmer. Dans cette lettre, il était subtilement suggeré qu'un resortissant brittanique, responsable du site web www.stopecg.org était un dangereux terroriste éventuellement en mesure d'utiliser des armes. En réalité, Stopecg se bat depuis des années, avec succès, contre toutes les entreprises citées ici et le site apporte un soutien aux petites entreprises, notamment dans leur défense contre les sociétés de recouvrement.

Peu de temps après cet épisode, apparu sur le web le site www.internetvictims.de. Sa devise : ‘Est-ce que quelqu'un cherche à détruire votre réputation ? On peut vous aider ! Gratuit'. Une annonce publicitaire fut obtenu pour ce site dans le magazine de protection des consommateurs bien connu Beobachter et dans le magazine familiale Schweizer Illustrierte. Sur Internetvictims, qui, à première vue n'avait rien à voir avec Intercable Verlag AG, on notait des tentatives de dénigrements du responsable de stopecg. Et entre autres, on pouvait y relever toutes les insinuations contenues dans la lettre que le patron d' Intercable, Wittmer avait envoyé au Tages Anzeiger ...


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